Enrico Macias La popularité si je mens !
Après soixante années d’une carrière intemporelle faite de musique et de chant, de télévision et de cinéma, de combats et d’engagements, Enrico Maclas continue de séduire, de surprendre et d’enchanter son monde, suscitant l’affection du public, toutes générations confondues. Des rues constantinoises de son Algérie natale aux confins de l’hexagone où il s’est fait un nom, Enrico Macias a toujours balancé entre deux cultures et deux amours. Il n’en a pas moins gravé de longue date son nom au patrimoine de coeur des Français, jouissant d’une sincère popularité jamais démentie. Nul doute d’ailleurs que le public sera présent en nombre pour l’applaudir, le 4 novembre prochain à Barbières, sur la scène féérique des Ateliers Magiques de Dani Lary. Entouré des musiciens franco-algériens du collectif Al Orchestra, le chanteur octogénaire interprétera un florilège de ses plus belles chansons, qui rassemblent et offrent un message d’espoir et de tolérance. L’occasion de feuilleter en sa compagnie quelques épisodes marquants de son fabuleux parcours.
Crédit Photo David Dabert
Véritable vedette de la chanson, voilà soixante ans que sa voix chaleureuse, sa poésie teintée de Méditerranée et son légendaire sourire solaire bercent les générations. Ses apparitions au cinéma, notamment dans La vérité si je mens !, ont bientôt fait de lui une star. Jusqu’à la récente série Family Business, diffusée sur Netflix, qui le hisse au rang d’icône de la pop-culture, auprès des milléniaux !
Infatigable artiste, Enrico Macias ne désarme pas et poursuit sa tournée « Encore un Tour », qui le mène à nouveau sur une scène drômoise. Et quelle scène, puisqu’il s’agit des Ateliers Magiques de Dani Lary, à Barbières, qui l’accueilleront, le 4 novembre prochain à 21h, pour plus d’1h30 de récital. Pour l’occasion, Enrico Macias sera accompagné de sept musiciens franco-algériens de l’orchestre Al Orchestra, parmi lesquels son fils Jean-Claude Ghrenassia, lui-même musicien et compositeur ; mais aussi producteur de son chanteur de père.
« Je jouerai bon nombre de mes chansons présentes sur mon dernier album, enregistré avec Al Orchestra. » se
réjouit le chanteur aujourd’hui octogénaire. À la fois des chansons parmi mes premières, mais également de plus récentes, ainsi que de la musique arabo-andalouse… » De cette musique des bords de la Méditerranée que jouait son mentor et beau-père Raymond Leyris, alias Cheikh Raymond, figure mythique du malouf, auquel il rend aujourd’hui un vibrant hommage, renouant avec les premières années d’une vie consacrée à la musique et à la scène…
Premiers accords
Et que de chemin parcouru par le chanteur depuis les rues de Constantine qui l’ont vu naître, par-delà la Méditerranée. C’est en effet en Algérie qu’a vu le jour en 1938 le petit Gaston Ghrenassia, avant que son nom de scène ne prenne l’ascendant sur son état civil, dans une famille juive pied-noire bercée de culture musicale. Violoniste professionnel dans l’orchestre de Raymond Leyris, dont il est aussi le fidèle bras droit, le père de Gaston aspire pourtant à un meilleur avenir pour son fils, préférant le sérieux des études à l’incertitude de la musique…
" Il m'a suffi de trois minutes pour percer et être connu du public Français "
Ce sera peine perdue : dès huit ans, le jeune garçon emprunte en cachette la mandoline paternelle, avant de s’initier ardemment à la guitare. « Et quand Tonton Raymond m’a entendu jouer de la guitare, il m’a invité à le rejoindre dans son orchestre, alors que je n’avais guère que quinze ans », se souvient-il. Parallèlement, le jeune homme se produit avec les Frères Enrico, une formation de Gitans qui le surnomment « le petit Enrico », dont il conservera l’empreinte indélébile. Et le grand Enrico d’ajouter aujourd’hui : « Soixante années sont depuis passées. La musique et la chanson, c’est toute ma vie ! » Une vie de chant, de scène et de partage pour cet artiste éminemment populaire.
D’une rive à l’autre
« J’aime l’humain, dont je me plais à ne garder au coeur que le bon et le meilleur », confie Enrico Macias, lorsqu’on évoque avec lui cette affection du public qui le lui rend bien. « Mais, reconnaît-il, le bon ne peut être apprécié que si on a connu le mauvais… » Et, il sait de quoi il parle, la douleur n’ayant pas épargné le parcours du chanteur, d’une rive à l’autre de la Méditerranée. Aux drames hérités de son histoire familiale s’ajoutent en effet bientôt ceux du vécu.
En juin 1961, alors que la guerre d’indépendance fait rage et que la situation devient intenable pour les résidents juifs et européens de Constantine, Raymond Leyris est assassiné par le FLN, soupçonné de faire partie de l’OAS. « Ce jour-là, j’ai non seulement perdu celui qui deviendrait mon futur beau-père, un humaniste et un très grand artiste, mais je suis en méme temps devenu orphelin de l’Algérie », poursuit Enrico Marias. Car la famille Ghrenassia qui se sent elle-méme menacée se décide aussitôt à quitter le pays, direction la France.
On raconte que c’est durant la sombre traversée de la Méditerranée que le chanteur composera « J’ai quitté mon pays, j’ai quitté ma maison ». Et celui-ci d’évoquer avec une ferveur intacte l’Algérie chère à son coeur : « J’ai la nostalgie de ma terre natale, de la lumière, de la terre et du ciel qui se rejoignent, de celte beauté qui frappe. » L’Algérie, une terre que l’artiste n’a plus jamais foulée.
Place aux succès
Heureusement, Suzy, la fille du défunt Raymond Leyris, est aussi du voyage qui les mène tous à Argenteuil ; celle-là même dont Gaston est amoureux depuis l’adolescence et qu’il épousera en 1962. Le couple aura deux enfants : Jocya et Jean-Claude. Tandis qu’il enchaîne les petits boulots, il se produit dans les cabarets parisiens et se voit offrir la première partie d’un concert de Gilbert Bécaud.
La notoriété viendra cette même année avec son premier passage à la télévision, dans l’émission Cinq colonnes à la une consacrée aux rapatriés d’Algérie. Son interprétation de la chanson Adieu mon pays en fait le symbole de l’exil des Pieds-Noirs. « La télé a été très importante dans ma carrière, se souvient-il. Après seulement deux années de vache maigre, il m’a suffi de trois minutes pour percer et être connu du public français. » Et soixante ans pour entretenir ce lien fort avec son auditoire.
"Je me réjouis de recroiser Dani Lary (...) et de découvrir sa fameuse salle de spectacle "
Un artiste pluriel
Porté par le titre phare Enfants de tous pays, son premier album sortira en 1963. Depuis, ce sont plusieurs dizaines d’opus teintés d’ambiances orientalistes qui ont ensoleillé la carrière musicale du chanteur, avec près de 60 millions d’albums vendus de par le monde. Une carrière internationale saluée par de nombreuses récompenses, dont le titre de Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres. Par ailleurs, au fil des années, le chanteur n’a eu de cesse d’affirmer son engagement en faveur d’Israël.
Et lorsqu’il n’est pas en studio ou sur scène, c’est sur d’autres terrains qu’Enrico Maclas sait gagner l’affection du public, se plaisant çà-et-là à jouer pour le cinéma et la télévision. « Moi, j’adore faire l’acteur, s’enthousiasme-t-il, c’est un autre mode d’expression et une très agréable récréation. » Immortalisé dans La vérité si je mens ! – épisodes 2 et 3 -, dont il a sans nul doute contribué au succès, il s’est plus récemment illustré sur le « petit » écran, dans la déjà culte série Family Business, dont les trois saisons diffusées sur Netflix ont cartonné. Y incarnant son propre rôle, il joue une réjouissante caricature de lui-même, aux côtés de son grand ami Gérard Darmon et de Jonathan Cohen. « Une aventure marrante qu’il faut voir ou revoir à tout prix et que j’ai pris beaucoup de plaisir à tourner ! », recommande-t-il. A tel point, que notre acteur intermittent s’apprête à remettre le couvert avec d’autres projets – cinématographiques cette fois -, qu’il est toutefois encore prématuré de dévoiler.
Une bonne nature
Les années ne lui ont hélas pas épargné d’autres pertes, comme celles de son frère Jean-Claude, décédé en 1965 dans un accident de voiture, ou de sa femme Suzy, disparue en 2008 des suites d’une longue pathologie cardiaque. Sans parler des imbroglios financiers autour de sa villa de Saint-Tropez qui ne laissent guère de place à la sérénité…
Pour autant, faisant fi des épreuves et de la mélancolie, le Capitaine – comme le surnomment ses cinq petits-enfants -tient bon la barre et cultive ses racines pieds-noires autour du triptyque : « bouffe, humour et joie de vivre..» Et puis, il y a le foot ! « Avec mes racines multiples, ces dernières années, je suis un fan de football comblé par les prouesses françaises à la Coupe du Monde autant qu’algériennes à la Coupe d’Afrique des Nations », s’amuse-t-il.
Un Capitaine fringant
Sur le pont, comme au premier jour, Enrico Macias poursuit son oeuvre musicale, dans l’écriture et à la scène, assurant plus d’une date par semaine ! Une activité soutenue qui le conduit cet automne à se produire une nouvelle fois dans la Drôme ; sr une région que j’ai découverte lors de mes premières tournées et dont j’adore les beautés, confie-t-il.
« Je me réjouis de recroiser Dani Lary (…) et de découvrir sa fameuse salle de spectacle «
Et puis, je me réjouis de recroiser Dani Lary que j’ai connu lors d’une croisière et de découvrir sa fameuse salle de spectacle. » L’occasion également de partager le bonheur de la scène avec son fils Jean-Claude Ghrenassia, qui a initié sa collaboration avec AI Orchestra et a écrit les arrangements de son dernier album, justement intitulé Enrico Macias & Al Orchestra Une complicité dont il ne tient qu’à vous d’être les témoins, ce 4 novembre à 21h, le temps d’un récital porteur de promesses musicales.
Dans la foulée, notre fringant octogénaire s’envolera pour Dubaï, puis pour les États-Unis, à la rencontre de son public étranger. Parmi les dates à retenir, après plusieurs Olympia à guichets fermés au cours de ces dernières années, c’est au Palais des Congrès de Paris qu’Enrico Macias donne rendez-vous à ses fans, le 16 avril 2023, pour un concert qui s’annonce exceptionnel. Et le chanteur de conclure : « Je ne manque décidément pas de projets et à 17nstar de Charles Aznavour, tant que Dieu me prêle vie et santé, je souhaite les assumer jusqu’à mon dernier souffle..» Puisse-t-Il l’entendre et l’écouter avec autant de plaisir que son public.