Davy Santiago
Le king du gipsy
Enfant de la cité de Jaquemart et figure incontournable de l’histoire de musique locale, l’auteur compositeur Davy Santiago a puisé dans ses racines gitanes et andalouses pour
s’imposer comme un virtuose de la musique Gipsy. Au fil de ses trente-cinq années de carrière, le chanteur romanais s’set fait connaître dans tout l’hexagone et par-delà les frontières. Avec ses deux formations Luna del Sol et Fuego de Rumba. Entouré de complices musiciens de haut vol, c’est en son nom propre que Davy Santiago poursuit sa quête artistique, s‘émancipant de ses maitres, les Gipsy Kings, pour explorer de nouvelles pistes musicales originales. En témoigne son second album solo intitulé « Son serà », sorti au printemps dernier, ou la rumba gitane se teinte de subtiles notes de Jazz, de Rock et de Funk…
Et lorsqu’il n’enflamme pas les scènes de France et de Navarre,
Il veille d’une main de maître à la destinée du CREA, l’école de musique qu’il a fondée a Bourg-de-Péage et dont il est un des éminents professeurs de guitare et de chant. Rencontre avec un artiste rayonnant et ensorcelant, pour une rentrée enjouée, sous le soleil du Flamenco Drômois.
"j'ai eu un véritable déclic en découvrant en 1986 les Gipsy kings, dont je reste un fan absolu"
Ça Bouge, du côté de la citadelle à Bourg de Péage !
En retrait des commerces de Mossant, au sein de locaux sur-mesure offrant une acoustique de studio professionnel, une joyeuse équipe de musiciens chevronnés met en effet la dernière main a la préparation d’une rentrée qui entend sonner comme une renaissance po le Centre de Répétition et d’Enseignement Artistique, plus connu sous l’acronyme CREA. A la tête de cette école de musique qu’il a fondée en 2014, Davy Santiago joue les chefs d’orchestre, se réjouissant de ce nouveau départ en fanfare, après les soubresauts des années Covid. Passionné par la musique autant que par la transmission de son art, le chanteur gipsy Romanais a souhaité créer ici une école de musique a part, proposant un enseignement pluridisciplinaire sous le signe du plaisir et de la pratique, qu’elle soit individuelle, en atelier ou sur scène. « Pour bâtir cette école, j’ai réuni une solide équipe de musiciens professeurs partageant mon approche de l’apprentissage, explique-t-il. Qu’il s‘agisse de guitare classique ou électrique, de basse, de piano, de batterie, de violon ou de chant, nous mettons tous en avant I ’écoute et le confort de l’élève. Cette approche personnalisée satisfait les exigences des musiciens les plus ambitieux autant que de ceux motivés par la seule recherche du plaisir de jouer. Le tout, dans une ambiance familiale ! » Si ‘école n’a pas échappé aux aléas de la crise sanitaire, elle affiche aujourd’hui la dynamique des grands jours, misant aussi sur son emplacement privilégié et la qualité unique de ses locaux. Alors, place a la musique !Place à la musique !
Un mot d’ordre qui régit le quotidien de la grande famille Santiago, d’origine gitane Espagnole, dans laquelle le petit Davy voit le jour, au printemps 1975 Romans-sur-lsère ; le sixième d’une fratrie de sept, lorsque les rejoindra trois ans plus tard sa sœur cadette. « Omniprésente a la maison, la musique était une véritable religion, se souvient Davy. On Écoutait du Mickael Jackson, tout comme les derniers tubes espagnols de Camaron DeIsla, Paco de Lucia ou Parrita, sur lesquels Dansaient les femmes… » Un foyer dans lequel on parle aussi bien la langue de Molière que l’espagnol, ou plus précisément le calo, dialecte mélangeant l’andalou et le gitan espagnol. Bon an mal an, le jeune Davy va grandir dans un environnement heureux. Pauvre, mais heureux. Arrivée dans la cité de Jacquemart deux ans avant sa naissance, la famille Santiago a trouvé la son Eldorado, après avoir été parquée durant des années, comme tous les pieds-noirs d’origine Espagnole rapatriée d’Algérie, dans les bidonvilles du quartier marseillais de l’Estaque. « C’est le diplôme d’aide-soignant que mon père a obtenu en cours du soir, après ses journées de plombier-chauffagiste, qui lui a permis de décrocher un poste a L’hôpital de Romans et de déménager sa famille »,explique Davy.Du chant à la guitare
Si le quotidien est rude, il se passe en chanson. Dès ses plus jeunes années, Davy se plie avec bonheur à la tradition du concours de chant, dans les réunions de famille dominicales. Des « battles » amicales de voix pour lesquelles il apprend les tubes du moment, ainsi que les chansons typiques gitanes. Et le jeune compétiteur sait donner de la voix ! « A trois ans, je me donnais déjà en spectacle, à chanter du Johnny et du Sylvie, se remémore-t-il, et j’ai vite su que je voudrais devenir musicien dans la vie. »Ce n’est qu’à l’âge de onze ans
que Davy Santiago se met à la guitare, dans les pas talentueux de son grand frère Pepe ; ce dernier privilégiera néanmoins par la suite la stabilité de l’emploi a une prometteuse mais incertaine carrière musicale. « J’ai débuté la guitare avec Pepe et me suis très vite pris de passion pour cet instrument, poursuivant mon apprentissage en autodidacte, raconte Davy. Je jouais tout le temps, avec frères, Pepe 4 la guitare et Diego a la batterie, et puis avec mes cousins, dont plusieurs sont de très grands guitaristes de réputation internationale, a l’image de Pepe Fernandez ou de Juan Carmona, qui collaborent avec les plus grands artistes mondiaux de Flamenco. » Aux côtés des standards de radio de l’époque, |’apprenti guitariste s’exerce aussi a jouer le répertoire traditionnel. Mais, cst a l’écoute des Gipsy Kings que s’opère le choc musical !« J’ai eu un véritable déclic, concède Davy, en découvrant en 1986 les Gipsy Kings, dont je reste un fan absolu. Eux, qui ont réarrangé la rumba gitane avec la basse, la batterie et le synthé Jusqu’a créer le style Gipsy. J’ai alors eu Ia révélation de ce que j’ambitionnais de faire. Ça a été un tournant de ma vie | Et depuis, je suis cette lignée Gipsy, en essayant d’aller toujours plus loin, en apportant ma pierre a I ‘édifice. »Luna del Sol
Ses parents s’étant séparés, Davy Santiago se lie de complicité avec Jean-Marie Deroussin, le fils de la compagne de son père et Lui-même guitariste. Tous deux s’inscrivent bientôt a un atelier de la MJC de la Monnaie et montent leur premier groupe, avec Diego a la batterie et quelques autres du quartier. « On faisait du Rap, nourri de Flamenco, et puis, les autres ont, progressivement délaissé l’aventure. Alors, cette fois, on a monté notre groupe gipsy. » Ainsi nait Luna del Sol – une histoire de soleil qui a rendez-vous avec la lune ? -, alors que Davy n’a pas treize ans. Disposant des salles de répétition et équipements de la MJC de la Monnaie, le trio fait ses premières armes de groupe, accompagné par l’extraordinaire Myriam Biodjekian. « Une fabuleuse travailleuse sociale qui s‘est toujours démenée pour les musiciens du coin, s’enthousiasme Davy Santiago. C’est elle qui a obtenu de Danone le financement de nos premières guitares nylon branchées et elle qui a géré l’intendance du groupe, lorsque nous avons commencé 4 nous produire régulièrement sur scène. Dates de concert, transports, hôtels, sonorisation, elle s‘occupait de tout, nous laissant nous concentrer sur notre musique. » Le groupe bénéficie également du concours d’un sonorisateur en la personne de Daniel Gasquet, le fondateur de l’association Vocal 26, qui produit aujourd’hui des spectacles d’artistes de la région ; notamment le groupe Evasion, qui a débuté à peu près au même moment que Luna de Sol dans les ateliers de la Monnaie.Fuego de Rumba
Ce premier épisode de l’aventure Luna del Sol s’interrompt Pourtant après quelques années. Qu’a cela ne tienne, a l’aube de ses seize ans, Davy Santiago intègre en tant que second chanteur-guitariste le groupe grenoblois Fuego de Rumba, considéré alors comme les Gipsy Kings de la région. Parallèlement, il poursuit sa scolarité, décrochant un CAP/BEP de tourneur-fraiseur, puis un bac Sciences et Technologies Industrielles, mais ses expériences du monde de |’entreprise le convainquent définitivement de se consacrer exclusivement a la musique. Après un passage au studio de I’AMAC a Saint-Jean-en-Royans, ou le chanteur romanais apprend les ficelles du métier d’ingénieur du son, il s‘attelle à professionnaliser l’exercice de son art pour se donner les moyens d’en vivre et devient intermittent du spectacle dès ses 21 ans."Les Gipsy Kings ont réarrangé la rumba gitane avec la basse, la batterie et le synthé jusqu'a créer le style gipsy. J'ai alors eu la révélation de ce que j'ambitionnais de faire"
En 1999, le bassiste Tony Garcia, qui a fait rentrer Davy Santiago dans le groupe Fuego de Rumba le coopte auprès de Michèle Torr, dont il est aussi le bassiste attitré, pour jouer trois morceaux a ses côtés sur la scène du Théâtre de Meaux, pour l’enregistrement de son double album live « Portrait de Scène ». Et de se rappeler : « Pour la petite histoire, c’est mon intro à la guitare qu’a choisie Michèle Torr pour la promotion de son album, qui sera labellisé Disque d’or ! »